vendredi 26 septembre 2008

Un nouveau réseau HO

Il est toujours difficile de tourner la page. Remiser ou "réformer" un réseau pour lequel on s'est tant investi n'est pas une chose aisée. Mais il faut se rendre à l'évidence, quand le plaisir de voir évoluer ses trains s'estompe peu à peu, quand l'émerveillement n'est plus au rendez-vous, quand l'envie de corriger certains petits défauts n'y est plus, il est temps alors de passer à autre chose. Et puis l'expérience accumulée, les pratiques développées permettent de franchir un palier, d'aller plus en avant, de créer quelque chose d'encore plus beau. Voilà pourquoi depuis quelques semaines, j'ai commencé la construction d'un nouveau réseau H0. Si le thème reste le "Fret" et la période l'époque V, il fallait sur un minimum de place, créer une maquette, plus belle, mieux aboutie et plus ludique. Les trains devaient pouvoir circuler d'avantage et pouvoir manoeuvrer de manière plus satisfaisante avec la possibilité de garer des rames plus longues en coulisse. Enfin mon parc machines étant devenu conséquent, il était indispensable que les locomotives aient un coin bien à elles. Non pas sur un diorama indépendant comme dans le cadre de Port-Héloïse, mais directement sur le réseau. Je souhaitais aussi une touche d'exotisme ferroviaire (chemin de fer privé ou étranger), l'idée d'une ligne frontalière s'imposa naturellement. La compagnie étrangère qui m'attirait le plus était la FS, mais il n'était pas question de reproduire la maurienne ou la ligne de la côte d'Azur. Dans l'esprit, la ligne Nice-Tende-Turin correspondait mieux à l'esprit que je voulais donner à ma ligne: une voie unique non électrifiée en signalisation lumineuse simplifiée. Mais les similitudes s'arrêtent là. Cette ligne ne voit passer que des trains de voyageurs et aucune "grosse bleue". Il me fallait donc réaliser un compromis plus qu'une évocation. Imaginer une troisième voie... comme le tunnel sous le Montgenèvre par exemple ! Les projets de corridors "fret" sous le Montgenèvre sont nombreux et mainte fois évoqués. Il était tentant de réécrire l'histoire de cette ligne sud-alpine. Finalement, après de nombreuses réflexions, j'ai choisi une quatrème voie, purement imaginaire celle là, quelque part entre la France et l'Italie... L'ensemble de ces paramètres m'a fait opter pour un réseau à deux niveaux avec une rampe en courbe (serrée) à cause du manque de place. Les dimensions sont de 320 cm X 40 cm (80 cm pour la courbe). La partie supérieure ainsi que la rampe en courbe seront décorées, la partie inférieure abritera quatre voies en coulisse. La technique choisie fut celle des tasseaux, comme décrite par Yann Baude dans Locorevue.


Le train, élément de stabilité

Ne nous voilons pas la face, le train n’est pas fun, pas de looping, pas de dérapage, pas de « roue arrière ». Le train n’est pas libre de ses mouvements, il suit la voie qui lui a été tracée. Le train est discipliné serte mais par sa présence, sa puissance et son esthétisme, le train passionne.Dans le vaste monde du modèle réduit pourquoi choisir le train ? en effet ces défauts sont nombreux. Un train ne se pilote pas, il ne déclenche pas de poussée d’adrénaline quand nous sommes aux commandes. En règle générale, ce n’est pas une activité de plein air, alors que les voitures, les bateaux et les avions (se suffisent à eux même) et peuvent facilement servir de prétexte à la sortie du dimanche. Chacun appréciera son modèle réduit, l’utilisera, en prendra les commandes. Le modéliste routier, naval ou aérien retrouvera les sensations du modèle grandeur nature en évoluant dans le même décor, le même environnement.

Et c’est là que réside tout l’intérêt du train miniature, le décor, l’environnement. En effet pour mettre en valeur ses modèles, l’amateur va devoir concevoir « son » décor. Le modéliste ferroviaire est un créateur de monde. Une part de son activité sera de concevoir, de réaliser un lieu imaginaire où une transposition de la réalité. Le modéliste ferroviaire est un metteur en scène, un auteur, une sorte d’artiste façonnant une image de la réalité, voire une réalité à son image.

Sans conteste, le modéliste ferroviaire est un rêveur, un peu romantique à ses heures. Son esprit vagabonde. Ses pas l’entraînent le long des emprises ferroviaires, dans les gares, souvent son appareil photo à la main. Il prend ses inspirations, son intellect et sa curiosité sans cesse en éveil. Le modéliste ferroviaire est un documentaliste, une sorte d’historien qui nous livre sur son réseau des images d’un passé, plus ou moins lointain. Nul doute que son œuvre est souvent emprunte de nostalgie.

Pour ce bâtisseur « de mondes » l’exploitation des trains n’est que l’aboutissement d’un long processus créatif.

Non, le train n’est pas fun.